Le système digestif du cheval est une machine d'adaptation complexe, fruit de son évolution en tant qu'herbivore. Comprendre ce système est crucial pour tout propriétaire soucieux de la santé et des performances de son cheval. Un système digestif sain est la pierre angulaire d'une bonne condition physique, d'une énergie optimale et d'une longue vie pour votre compagnon équin. L'alimentation du cheval est donc primordiale.
Les chevaux se distinguent des ruminants par leur système digestif monogastrique. Ils compensent cette singularité par un gros intestin exceptionnellement développé, où se déroule une fermentation microbienne intense. Cette fermentation permet aux chevaux d'extraire l'énergie des fibres végétales. Dans cet article, nous allons explorer en détail le fonctionnement de chaque organe digestif du cheval, en mettant en lumière leur rôle spécifique dans la digestion des aliments. Nous aborderons la bouche, l'œsophage, l'estomac, l'intestin grêle et le gros intestin, en expliquant comment ils travaillent ensemble pour assurer une digestion efficace et une absorption optimale des nutriments et ainsi éviter des coliques cheval.
La préhension et le transit buccal : le début du voyage
L'aventure de la digestion cheval commence dès l'instant où il saisit sa nourriture. Cette première étape, cruciale pour la suite du processus, implique une coordination précise entre les lèvres, les dents et la salive. Une bonne compréhension de cette phase initiale permet d'anticiper et de prévenir certains problèmes de santé digestive cheval.
La bouche : sélection, mastication et salivation
La bouche est bien plus qu'un simple orifice d'entrée pour la nourriture ; c'est un véritable centre de tri et de préparation. Les lèvres et les incisives du cheval jouent un rôle essentiel dans la sélection de l'herbe et du fourrage, bien que leur fonction diffère de celle des ruminants. Contrairement aux vaches, qui utilisent leur langue pour enrouler l'herbe, les chevaux utilisent leurs lèvres sensibles pour saisir les brins et les incisives pour les couper net. La santé dentaire du cheval est donc primordiale pour une bonne préhension.
Les molaires et les prémolaires, situées au fond de la bouche, sont responsables du broyage des aliments. Une mastication efficace est primordiale pour réduire la taille des particules et faciliter la digestion ultérieure. Les problèmes dentaires peuvent entraver ce processus et entraîner des coliques ou une mauvaise absorption des nutriments. L'entretien régulier des dents par un dentiste équin qualifié est donc essentiel pour la santé digestive cheval.

La salive, produite par les glandes salivaires, joue également un rôle important. Bien que la salive équine contienne une quantité limitée d'amylase (une enzyme qui décompose l'amidon), sa fonction principale est de lubrifier et d'humidifier les aliments, facilitant ainsi la déglutition. La salive contient également du bicarbonate, qui aide à neutraliser l'acidité de l'estomac.
- Lèvres et incisives pour la sélection de l'herbe.
- Molaires et prémolaires pour la mastication.
- Salive pour la lubrification et l'humidification.
La déglutition, ou action d'avaler, est un mécanisme complexe qui propulse les aliments de la bouche vers l'œsophage. Un sphincter puissant à l'entrée de l'estomac empêche le reflux des aliments, ce qui explique pourquoi les chevaux ne peuvent pas vomir. Cette particularité anatomique rend les chevaux particulièrement vulnérables aux obstructions œsophagiennes et aux distensions gastriques.
L'œsophage : un transport rapide
L'œsophage, un tube musculaire d'environ 1,2 à 1,5 mètres de long chez un cheval adulte, assure le transport rapide des aliments de la bouche à l'estomac. Sa musculature puissante permet des contractions péristaltiques efficaces.
Le péristaltisme est une série d'ondes de contractions musculaires qui propulsent les aliments le long de l'œsophage. Ce processus est essentiel pour assurer un flux constant et uniforme vers l'estomac. L'obstruction œsophagienne est un problème courant chez les chevaux, causé par l'ingestion rapide d'aliments secs ou de morceaux de nourriture volumineux. La prévention passe par une alimentation adéquate et une hydratation suffisante.
L'estomac : un réservoir de petite taille et à vidange rapide
L'estomac du cheval, contrairement à celui des ruminants, est relativement petit. Cette caractéristique influence grandement la façon dont les chevaux doivent être nourris. Une alimentation fractionnée et régulière est essentielle pour maintenir une digestion optimale et prévenir les ulcères gastriques cheval.
Anatomie et zones de l'estomac
L'estomac du cheval a une capacité limitée, d'environ 8 à 15 litres, ce qui contraste fortement avec les 100 à 200 litres de l'estomac d'une vache. Cette petite capacité implique que les chevaux doivent être nourris en petites quantités et à intervalles réguliers, idéalement plusieurs fois par jour. Laisser un cheval sans nourriture pendant de longues périodes peut entraîner une accumulation d'acide gastrique et augmenter le risque d'ulcères.
L'estomac du cheval est divisé en deux zones principales : la zone non glandulaire (ou squameuse) et la zone glandulaire. La zone non glandulaire, située dans la partie supérieure de l'estomac, ne produit pas d'acide chlorhydrique ni de mucus protecteur. Elle est donc particulièrement vulnérable aux ulcères. La zone glandulaire, située dans la partie inférieure de l'estomac, produit de l'acide chlorhydrique (nécessaire à la digestion des protéines) et du mucus, qui protège la paroi de l'estomac contre l'acidité.
Les sphincters cardia et pylorique, situés respectivement à l'entrée et à la sortie de l'estomac, régulent le passage des aliments. Le sphincter cardiaque empêche le reflux des aliments vers l'œsophage, tandis que le sphincter pylorique contrôle la vidange de l'estomac vers l'intestin grêle.
Digestion gastrique
La digestion gastrique implique la sécrétion d'acide chlorhydrique et de pepsine, une enzyme qui décompose les protéines. L'acide chlorhydrique dénature les protéines, les rendant plus accessibles à la pepsine. La motricité gastrique assure le mélange du contenu de l'estomac et sa vidange progressive vers l'intestin grêle.
Plusieurs facteurs influencent la vidange gastrique, notamment le type d'aliment et le niveau de stress du cheval. Les aliments riches en fibres ont tendance à être vidés plus lentement que les concentrés. Le stress peut également ralentir la vidange gastrique, augmentant ainsi le risque d'ulcères.
Type d'Aliment | Temps de Passage Estimé dans l'Estomac |
---|---|
Foin | 2-4 heures |
Concentrés (grains) | 1-2 heures |
Problèmes associés à l'estomac
Les ulcères gastriques sont un problème courant chez les chevaux, en particulier chez les chevaux de sport. Les causes principales sont le stress et une alimentation inadéquate. Les symptômes incluent une perte d'appétit, une perte de poids, des coliques récurrentes et une baisse de performance. La prévention passe par une gestion du stress et une alimentation riche en fibres. Certains compléments alimentaires peuvent aider. La distension gastrique peut être causée par une suralimentation en concentrés. Elle se manifeste par des douleurs abdominales intenses. Un traitement vétérinaire rapide est essentiel pour éviter des complications graves. L'alimentation du cheval est donc primordiale.
L'intestin grêle : absorption maximale des nutriments
L'intestin grêle est le principal site d'absorption des nutriments chez le cheval. Sa structure complexe maximise la surface d'absorption et permet une extraction efficace des glucides, des lipides et des protéines. Le pancréas et le foie jouent un rôle crucial en fournissant les enzymes digestives et la bile nécessaires à la dégradation des aliments.
Anatomie et organisation
L'intestin grêle, long de 20 à 25 mètres, est divisé en trois portions : le duodénum, le jéjunum et l'iléon. Le duodénum reçoit les sécrétions du pancréas et du foie, qui contribuent à la digestion des aliments. Le jéjunum est la portion la plus longue de l'intestin grêle et est le principal site d'absorption des nutriments. L'iléon se connecte au gros intestin et régule le passage des aliments.

Les villosités et les microvillosités augmentent considérablement la surface d'absorption.
- Duodénum : Réception des sécrétions du pancréas et du foie.
- Jéjunum : Principal site d'absorption des nutriments.
- Iléon : Régulation du passage des aliments vers le gros intestin.
Digestion et absorption
La digestion dans l'intestin grêle implique la dégradation des glucides complexes en sucres simples, des protéines en acides aminés et des lipides en acides gras. La bile, produite par le foie, émulsifie les lipides, les rendant plus faciles à digérer. L'eau, les vitamines et les minéraux sont également absorbés dans l'intestin grêle. Une alimentation du cheval adaptée est donc importante pour l'assimilation des nutriments.
Nutriment | Fonction Principale |
---|---|
Glucides | Source d'énergie |
Protéines | Construction et réparation des tissus |
Lipides | Stockage d'énergie, isolation |
Vitamines et Minéraux | Fonctions métaboliques et structurales |
Rôle du pancréas et du foie
Le pancréas produit et sécrète des enzymes digestives (amylase, lipase, protéases) qui décomposent les glucides, les lipides et les protéines. Il produit également de l'insuline et du glucagon, des hormones qui régulent la glycémie. Le foie produit la bile, qui émulsifie les lipides, et participe à la détoxification et au métabolisme des nutriments. Le foie joue un rôle métabolique important et il faut donc veiller à sa santé.
Le gros intestin : clé de l'alimentation herbivore
Le gros intestin est le fermenteur du cheval, un environnement riche en micro-organismes qui décomposent les fibres végétales. Ce processus de fermentation produit des acides gras volatils (AGV), une source d'énergie majeure pour le cheval. Une flore microbienne saine est essentielle pour une digestion efficace et une bonne santé générale. Le gros intestin est donc primordial pour la santé du cheval.
Anatomie et organisation
Le gros intestin est composé du caecum, du côlon (ascendant, transverse, descendant) et du rectum. Le caecum est la principale chambre de fermentation. Le côlon assure la fermentation, l'absorption de l'eau et la formation des matières fécales.

Fermentation microbienne et flore intestinale cheval
La flore microbienne du gros intestin joue un rôle essentiel dans la fermentation des fibres. Les fibres sont décomposées en acides gras volatils (AGV), qui sont utilisés comme source d'énergie par le cheval. Les micro-organismes synthétisent également des vitamines (B et K). L'alimentation du cheval influence donc la flore microbienne.
L'alimentation, les antibiotiques et le stress peuvent influencer la flore microbienne. Une alimentation riche en fibres favorise une flore microbienne saine, tandis que les antibiotiques peuvent perturber l'équilibre de la flore. Le stress peut également affecter la flore microbienne et entraîner des problèmes digestifs. La flore intestinale cheval est donc sensible.
- Flore microbienne : Composée de bactéries, protozoaires et champignons.
- Fermentation : Décomposition des fibres en AGV.
- Synthèse de vitamines : B et K.
Absorption dans le gros intestin
Le gros intestin absorbe les acides gras volatils (acétate, propionate, butyrate), l'eau et les électrolytes. L'absorption des AGV fournit une source d'énergie importante pour le cheval. L'absorption de l'eau est essentielle pour maintenir l'hydratation et la consistance des matières fécales. Le gros intestin assure également la formation et l'excrétion des matières fécales. Un cheval adulte produit des matières fécales tous les jours.
Problèmes associés au gros intestin et colique cheval
Les coliques de surcharge peuvent être causées par une alimentation trop riche en concentrés ou par une consommation insuffisante d'eau. La prévention passe par une alimentation riche en fibres et une gestion adéquate de l'eau. La fourbure peut être liée à la fermentation excessive de fructanes dans le gros intestin. La dysbiose peut entraîner des problèmes digestifs, tels que la diarrhée et les coliques. Si votre cheval à une colique cheval, appelez votre vétérinaire.
L'évacuation : la dernière étape
L'évacuation des matières fécales est la dernière étape du processus digestif. Elle permet d'éliminer les déchets non digérés et les produits de la fermentation microbienne. L'observation des fèces peut fournir des informations précieuses sur la santé digestive du cheval. Une alimentation pour le cheval adaptée permet une évacuation normale.
Formation et composition des fèces
Le rectum stocke les matières fécales avant leur élimination. Le régime alimentaire influence la consistance des fèces. Une alimentation riche en fibres produit des fèces plus volumineuses et plus molles, tandis qu'une alimentation pauvre en fibres produit des fèces plus petites et plus sèches. Il faut donc adapter l'alimentation cheval.
Le processus de défécation
La défécation est un processus réflexe qui implique la contraction des muscles abdominaux et du rectum, ainsi que le relâchement du sphincter anal. La fréquence de la défécation varie d'un cheval à l'autre.
Importance de l'observation des fèces
L'observation des fèces est un indicateur important de la santé digestive du cheval. Des fèces trop molles, trop dures ou contenant du mucus peuvent indiquer un problème digestif. La présence de sang dans les fèces est un signe d'alerte qui nécessite une consultation vétérinaire immédiate. N'hésitez pas à contacter votre vétérinaire si vous avez le moindre doute.
Optimiser la santé digestive cheval : la base d'une bonne santé équine
Comprendre le fonctionnement des organes digestifs du cheval est essentiel pour optimiser sa santé, ses performances et son bien-être. Une alimentation équilibrée, adaptée à ses besoins spécifiques, est la clé d'une digestion efficace et d'une absorption optimale des nutriments. N'oubliez pas de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin pour élaborer un plan d'alimentation personnalisé pour votre cheval et ainsi éviter les problèmes de digestion cheval.
En prenant soin du système digestif de votre cheval, vous lui offrez une vie plus saine, plus heureuse et plus productive. L'investissement dans une bonne alimentation et une gestion appropriée du système digestif se traduira par une meilleure santé globale, une performance accrue et une relation plus épanouissante avec votre compagnon équin.