Les ulcères gastriques équins (UGE) sont un problème courant affectant le bien-être et les performances des chevaux. On estime que jusqu'à 60% des chevaux de compétition et 10% des chevaux de loisir peuvent souffrir d'ulcères gastriques. Un régime alimentaire adapté est donc crucial pour leur traitement et leur prévention.

Plusieurs facteurs contribuent à l'apparition des UGE, notamment le stress, un régime alimentaire déséquilibré, l'administration de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et un manque d'exercice régulier. Le diagnostic se fait généralement par endoscopie, permettant une visualisation directe des lésions gastriques. Les symptômes peuvent être subtils, incluant une baisse de performance, une perte de poids, des coliques légères ou un changement de comportement. Un traitement efficace nécessite une approche globale combinant un régime alimentaire spécifique et, souvent, un traitement médicamenteux sous prescription vétérinaire.

Principes d'un régime alimentaire adapté aux ulcères gastriques équins

L'objectif principal du régime alimentaire est de réduire l'inflammation, protéger la muqueuse gastrique, favoriser la cicatrisation et prévenir les rechutes. Il s'agit de créer un environnement gastrique plus favorable en modifiant l'acidité et en fournissant des nutriments essentiels à la réparation tissulaire. Le maintien d'un bon équilibre acido-basique est essentiel.

Augmentation des fibres pour la protection gastrique

L'augmentation de la consommation de fibres est une composante majeure de la gestion des UGE. Les fibres, notamment la cellulose et l'hémicellulose, présentes en abondance dans les fourrages de qualité, agissent comme un tampon contre l'acidité gastrique, réduisant l'irritation de la muqueuse. Elles stimulent également la sécrétion salivaire, qui possède un effet neutralisant sur l'acide chlorhydrique. Il est important de privilégier les fibres longues, présentes dans les foins de qualité, plutôt que les fibres courtes, plus facilement fermentescibles.

  • Foin de prairie de haute qualité (au moins 10 kg/jour pour un cheval adulte) : riche en fibres longues, faible en protéines et en énergie.
  • Luzerne déshydratée (avec modération) : bonne source de protéines et de calcium, mais peut être riche en énergie.
  • Pulpe de betterave : source de fibres solubles, améliore le transit intestinal et apporte du volume au bol alimentaire.
  • Son d'avoine : riche en fibres et en nutriments, mais doit être introduit progressivement.

Réduction des concentrés pour limiter l'acidité

Les concentrés, en particulier les céréales riches en amidon, stimulent la production d'acide gastrique. Il est donc crucial de réduire leur quantité de manière significative. Si l'apport énergétique supplémentaire est nécessaire, on privilégiera l'avoine ou l'orge, de préférence trempées ou cuites pour améliorer leur digestibilité. L'avoine est généralement mieux tolérée que l'orge. La quantité totale de concentrés doit être déterminée en fonction des besoins énergétiques du cheval et de son niveau d'activité.

Apport équilibré en protéines pour la réparation tissulaire

Un apport protéique adéquat est nécessaire pour la réparation des tissus lésés. Cependant, un excès peut aggraver les problèmes digestifs. Il faut donc veiller à un apport équilibré, en privilégiant des sources de protéines de haute qualité, telles que celles contenues dans le foin de bonne qualité et la luzerne déshydratée (en quantité modérée). Environ 1 gramme de protéine par kg de poids vif est généralement recommandé. Un vétérinaire peut calculer les besoins spécifiques de votre cheval.

Compléments alimentaires pour une action ciblée

Certains compléments alimentaires peuvent jouer un rôle important dans la gestion des UGE. Les probiotiques aident à rééquilibrer la flore intestinale, favorisant une meilleure digestion et une meilleure protection de la muqueuse gastrique. Les prébiotiques, quant à eux, nourrissent les bactéries bénéfiques. Des antioxydants, comme la vitamine E et le sélénium, contribuent à lutter contre le stress oxydatif, réduisant les dommages cellulaires.

  • Probiotiques (au moins 5 milliards d'UFC par jour) : favorisent la croissance de bonnes bactéries intestinales et améliorent la digestion.
  • Prébiotiques (comme la mannano-oligosaccharide) : stimulent la croissance des probiotiques.
  • Vitamine E (au moins 1000 UI par jour) : puissant antioxydant protecteur cellulaire.
  • Sélénium (dosage adapté à la prescription vétérinaire) : minéral antioxydant essentiel.
  • Additifs mucoprotecteurs (sous prescription vétérinaire): peuvent aider à réparer la muqueuse gastrique. Exemple: sucralfate

L'utilisation de compléments alimentaires doit être discutée avec un vétérinaire pour déterminer le type, la dose et la durée du traitement. Des substances mucoprotectrices naturelles, comme l'aloe vera, peuvent être envisagées, mais sous strict contrôle vétérinaire. La réglisse, aux propriétés mucoprotectrices avérées, est controversée en raison de ses effets secondaires potentiels et doit être utilisée avec la plus grande prudence et uniquement sur prescription vétérinaire.

Hydratation constante pour une digestion optimale

L'accès à de l'eau fraîche et propre en quantité suffisante est essentiel pour une bonne digestion et une hydratation adéquate. Une déshydratation peut aggraver les symptômes des UGE. Veillez à ce que votre cheval ait toujours de l'eau à disposition, notamment après l'exercice.

Exemples concrets de régimes alimentaires pour chevaux atteints d'ulcères gastriques

Les régimes alimentaires doivent être personnalisés en fonction de l'âge, du poids, de la race, du niveau d'activité et de l'état de santé général du cheval. Voici deux exemples de régimes types, à adapter avec l'aide d'un vétérinaire.

Régime type pour un cheval adulte au repos (500 kg)

Ce régime privilégie les fourrages et minimise les concentrés. Il comprend approximativement : 12 kg de foin de bonne qualité, 1 kg de pulpe de betterave, un supplément de probiotiques (5 milliards d'UFC), et de la vitamine E (1000 UI). Les céréales sont à éviter dans ce cas.

Régime type pour un cheval adulte en travail léger (500 kg)

Ce régime inclut une plus grande quantité d'énergie tout en restant adapté aux UGE. Il pourrait comprendre : 10 kg de foin de bonne qualité, 1 kg d'avoine trempée, 0,5 kg de pulpe de betterave, un supplément de probiotiques (5 milliards d'UFC), de la vitamine E (1000 UI) et du sélénium (selon la prescription vétérinaire). L'adaptation du régime doit se faire progressivement pour minimiser les troubles digestifs.

Adaptation aux cas particuliers

Des ajustements supplémentaires sont nécessaires pour les chevaux présentant des pathologies associées (obésité, diabète, maladies métaboliques, etc.). Un vétérinaire spécialisé en nutrition équine pourra élaborer un plan alimentaire sur mesure, tenant compte de tous les facteurs spécifiques à votre cheval. Il est essentiel de bien surveiller le poids et la condition corporelle de votre cheval.

Conseils pratiques et suivi vétérinaire pour la gestion des ulcères gastriques

Une transition alimentaire progressive, étalée sur 1 à 2 semaines, est essentielle pour éviter les troubles digestifs. Introduisez les nouveaux aliments progressivement et surveillez attentivement la réaction de votre cheval. Une surveillance régulière par un vétérinaire est indispensable pour évaluer l'efficacité du régime et apporter des ajustements si nécessaire. Le vétérinaire pourra également prescrire un traitement médicamenteux si nécessaire, afin d’accélérer la cicatrisation.

L'environnement joue un rôle important dans la gestion du stress, facteur aggravant des UGE. Favorisez un environnement calme, avec un minimum de stress, une bonne gestion du troupeau et un accès facile à l'eau et aux fourrages.

Une amélioration clinique se manifeste par un gain de poids, une amélioration de l’état du poil, une meilleure performance et une diminution des signes cliniques (colique, perte d'appétit). Toutefois, la guérison complète des ulcères ne peut être confirmée qu'après un examen endoscopique de suivi.

N'hésitez pas à consulter régulièrement votre vétérinaire pour un suivi personnalisé et pour adapter le régime alimentaire aux besoins spécifiques de votre cheval. Un diagnostic précis et un traitement approprié sont essentiels pour assurer la santé et le bien-être de votre compagnon équine.